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Les mécanismes émotionnels  impliqués dans le déclenchement de la douleur chronique

Quelles sont les composantes émotionnelles identifiées dans nombre de malades douloureux chroniques?

 

L’histoire de chaque malade est unique et, de ce fait, le poids des événements à l’origine de l’apparition d’un syndrome douloureux chronique à un moment donné de la vie d’une personne, en général une cassure, une perte ou un échec, relèvent que du cas par cas.

Dans ce sens, un même évènement, par exemple un accident de la route, peut ne pas générer les mêmes traumas émotionnels chez deux individus. Chacun vit et intègre les vicissitudes de l’existence selon son histoire personnelle. Les traits émotionnels énoncés dans le prolongement ne sont donc pas forcément présents chez toutes les personnes qui souffrent de fibromyalgie ou de douleurs chroniques.

Restaurer les potentiels humains ébranlés lors des traumatismes

 

En raison de cela, le processus Biodanza & douleurs chroniques proposé se compose d'exercices qui servent à redécouvrir  les potentiels humains qui ont pu être ébranlés ou réprimés après un évènement douloureux, afin de les rétablir dans le but de retrouver un équilibre de vie.

 

Prenons l’exemple du courage. Après un accident, cette force de vie qui nous vient du cœur, ce potentiel,  a pu s’estomper ou disparaître, laissant les douleurs prendre de plus en plus de place, voire toute la place dans notre vie, nous empêchant de surmonter les épreuves auxquelles les douleurs soumettent tout être humain. Lors de la réalisation de ce processus, cette force, qu'est le courage, pourra être retrouvée, nous facilitant grandement le dépassement des douleurs chroniques par la mise en place de nouvelles stratégies de vie, visant par exemple à faire reculer la douleur en nous fixant davantage sur le plaisir.

On pourrait dire que le courage sera une force que nous permettra de fleurir dans le désert !

 

Quelques traits de la personnalité du douloureux chronique

Qui est donc ce douloureux et cette douloureuse chronique sur lequel ou laquelle les algologues du monde font des recherches ?

Le Dr. Benezech s’appuie sur les travaux du Dr. Massimo Zoppi (1), afin d’esquisser quelques caractéristiques concernant les patients fibromyalgiques qui pourraient être élargies à d’autres individus souffrant de douleurs chroniques :

  • Vision catastrophique de la vie

  • Hypersensibilité

  • Alexithymie

  • Activité incessante depuis toujours et besoin d’être soutenu

  • Manque d’autonomie

Ces  caractéristiques énoncées peuvent ne pas être toutes présentes chez tous les individus, il s’agit des caractéristiques recensées faisant apparaître un profil de la personne souffrante de fibromyalgie. Il se peut que vous ne vous sentiez pas identifié avec toutes ces caractéristiques.

Douleurs, colère et sentiment d’injustice

 

La colère est un trait omniprésent chez les personnes qui souffrent de douleurs chroniques. Les situations vécues à l’origine de l’apparition du syndrome douloureux chronique peuvent avoir été vécues comme injustes, ce sentiment alimentant, tel une boucle imparable, la colère dans le corps.

Toutes les études démontrent, en effet,  que les sujets douloureux chroniques alimentent par la pensée la colère, déréglant les circuits opioïdes qui régulent ces états dans le corps.

Libérer notre corps de la colère rentrée est une voie, certainement la plus sûre, pour vaincre les douleurs chroniques.

 

 

Lors de mes activités professionnelles, je suis souvent étonnée à quel point il est difficile pour les stagiaires ne serait-ce que de reconnaître que la colère les habite. On dirait que cette émotion, pourtant si répandue et faisant partie intégrante de nos états émotionnels, est honteuse.

En psychologie la colère est considérée comme une émotion secondaire liée à une blessure physique ou psychique, un manque, une frustration. Celle-ci se caractérise généralement par une réaction vive entraînant généralement des manifestations physiques ou psychologiques de la part de la personne concernée, celle-ci pouvant cependant être contenue, voire dissimulée.

Nous verrons à quel point la dissimulation de la colère pour les personnes douloureuses chroniques peut être délétère et entretenir, dans un cercle vicieux infernal, les douleurs.

La colère comme composante de la douleur

Pour les Grecs anciens, la douleur était une émotion : la contrepartie négative du plaisir. Ces liens complexes entre douleur et émotion ont abouti au XXème siècle à l’intégration de l’un de ces deux termes dans la définition internationale de l’autre, comme l’un de ses composants. Cependant, à l’instar des dimensions sensitives et cognitives, la connaissance du fonctionnement émotionnel de la douleur n’en est qu’à ses débuts.

La colère est un de ces « troubles de l’adaptation des conduites », souvent connotée négativement avec la tristesse ou la peur. Elle est pourtant la garante de notre territoire empiété, défense de notre intégrité physique ou psychique bafouée (volontairement ou par inadvertance) par un individu, un événement ou un système…la colère refuse ce qui est vécu comme une injustice. Cependant, ses formes ont tant évoluées, par rapport à son fonctionnement dans le monde animal, que nous avons de la difficulté à toujours la reconnaître dans la société, et parfois à l’utiliser à bon escient.

La colère inhibée dans les douleurs chroniques

 

Cette notion de « mauvais usage » de la colère, de sa capacité à se transformer en douleur si elle était réfrénée, a été évoquée par plusieurs auteurs des milieux psychologiques et psychiatriques des dernières décennies. Des études scientifiques montrent que les patients douloureux chroniques en échec de traitement rapportent la même fréquence de sentiments coléreux que le groupe contrôle (patients ayant beaucoup souffert dans le passé de leur maladie) mais sont plus nombreux à inhiber  leur expression. La notion d’autopunition ressort significativement des questionnaires et les auteurs relient cette notion à la difficulté à exprimer sa colère à d’autres.

 

D’autres études ont porté sur l’exploration de cette expression, mais aussi la conscience que pouvait avoir le patient de cette colère. Les auteurs ne retrouvent pas de différence d’expression de la colère entre deux groupes (l’un issu d’un centre de traitement de la douleur et l’autre pré chirurgical ordinaire), mais une différence très significative dans la conscience de cette colère, qui s’avère moins perçue pour les patients douloureux chroniques. Ces derniers sont donc dans le déni de sentiments coléreux et d’agressivité.

 

Colère intériorisée, colère extériorisée

Le caractère coléreux se distingue de l’émotion-colère passagère, et plus encore de la façon dont la colère est manifestée, intériorisée ou bien extériorisée.

 

En algologie, des études font le lien entre «sentiments de colère supprimés, réprimés ou au moins inexprimés» et la douleur. Pour R. D. Kerns (2) la suppression de la colère pourrait hypothétiquement compromettre la régulation du système central des opioïdes et favoriser ainsi la douleur.

Cette réflexion concernant les endorphines sert de base à l’étude menée par S. Bruhel et coll. en 2002 (2), chez 44 lombalgiques chroniques et 45 personnes contrôles sans douleur qui reçoivent en 2 sessions randomisées (se dit d'un essai clinique où le traitement est tiré au sort pour chaque patient, le tirage au sort se fait habituellement entre le traitement habituel et un nouveau traitement que l'on considère égal ou supérieur au traitement habituel) un placebo ou 8 mg de naloxone (antagoniste, neuroleptique  ou  antipsychotique, opiacé  utilisé en thérapeutique), avant de subir deux épreuves - douleur. Ils répondent préalablement aux questionnaires douleur et dépression – colère.

 

L’analyse des résultats montre plus de douleurs chez les lombalgiques, associées à une plus grande composante dépressive et des traits de colère, sans différence significative pour l’expression de la colère entre les deux groupes.

 

Cependant, la comparaison entre l’épreuve placebo et l’épreuve naloxone met en relief le fait que les participants qui rapportent le plus de colère extériorisée ne modifient pas leurs douleurs sous naloxone, comme si leurs opioïdes endogènes étaient déjà bloqués préalablement sous placebo.

Ainsi, la colère extériorisée modifierait les endorphines. Il y aurait donc deux formes d’expression de la colère, toutes deux ayant un impact sur la douleur, mais seule la colère « extériorisée » serait régulée par le système opioïde.

Ces auteurs pensent que la colère extériorisée agit comme stress, qui via sa composante adrénergique est suspectée comme étant l’étiologie de la douleur par l’intermédiaire du système opioïde.

La colère pourrait-elle être la cause de l’apparition des douleurs chroniques  par le dérèglement de notre système hormonal, celui destiné justement à la soulager ?

Le lien entre colère intériorisée et douleur chronique n’est plus à démontrer. Le Dr. Benezech publie ainsi cet article en 2008

 

 

 

 

L'expression de la colère pour soulager les douleurs chroniques

 

Il est nécessaire de mettre en place des moyens pour exprimer, en totale sécurité pour l’intégrité du Soi, cette émotion si délétère pour notre corps, responsable de l’apparition de beaucoup de maladies. Le processus "Biodanza & douleurs chroniques" s'inscrit sur la démarche d'expression des émotions qui doivent quitter le corps des douloureux chroniques.

Un aspect essentiel de cette émotion néfaste pour le corps est à comprendre : derrière la colère se cache la tristesse.

 

Quand nous exprimons la colère très fort nous finissons toujours par des pleurs, comme si une fois l’énergie colossale de la colère libérée celle-ci laissait la place à l’origine de la colère, la tristesse ressentie par le  sentiment de perte injustifiée qui nous habite.  

Le sentiment d’injustice prend sa source là où nous trouvons que des évènements douloureux, voire traumatiques, ont eu lieu dans notre vie d’une façon accidentelle ou irresponsable ou par la négligence des autres ou encore par le manque de conscience, c’est-à-dire lors des situations qui ayant pu être évitées,  nous auraient épargné de la souffrance.

Avec le temps et le travail  sur nous-même, sur notre vie et sur les événements qui l’ont jalonné, ce sentiment d’injustice peut acquérir une autre connotation, lui attribuant un autre sens. Mais après l’accident, les émotions sont là, vécues à l’état brut, sans élaboration pour amoindrir ses effets sur nous et notre organisme.

 

Témoignage

 

Après mon accident j’ai ressenti une grande colère que je n’ai jamais pu exprimer à qui que ce soit. Étant très jeune à l’époque (19 ans), je n’avais aucune conscience sur les effets dans mon corps d’une telle émotion. De plus, personne dans mon entourage, ni dans le corps médical ni familial qui m’entourait,  ne s’est occupé de mes émotions ni de mes sentiments à la suite d’un tel accident, connaissant tous parfaitement les circonstances dans lesquelles il avait eu lieu.

Dans mon cas par exemple, lorsque j’ai réalisé que mes camarades imprudents avaient appelé au secours et que, me trouvant la plus proche d’eux, je ne pouvais refuser de les  aider (je me sentais obligée, même si dans ma tête j’étais agacée par leur irresponsabilité), et que cette situation m’avait valu un accident qui avait bouleversé ma vie, ma colère a jailli avec une violence sourde à l’intérieur de moi.

Les chemins de ma colère...

 

Ma colère  s’est  tournée dans un premier temps contre eux et leur manque de conscience – et de prudence – et, dans un second temps contre moi pour mon inattention, car je n’avais pas vérifié la position du clou et l’attache de la corde qui me reliait à celui-ci lors de ma descente dos au vide. Mon compagnon de cordée n’avait pas non plus réagi avec pertinence, j’avais insisté pour descendre moi-même secourir nos camarades. Bref, dans une situation si critique le stress avait été omniprésent, le manque de vigilance m’avait couté très cher.

Les  détails de ces diverses scènes de quelques minutes tournaient sans cesse dans ma tête dans l’espoir de trouver l’élément qui aurait pu m’épargner ces terribles souffrances, en vain. Tout était figé, sidéré presque dans mes souvenirs, rien n’aurait pu se passer autrement, les corps et les esprits statiques attendant le déroulement prévu, quasi programmé par un destin improbable quelques secondes auparavant.

Stress post-traumatique et colères...

 

Les années passaient et à chaque instant où les souvenirs revenaient – immuables - ma colère grandissait et la hantise de mes 35 mètres en chute libre, tel un pantin désarticulé, m’arrachait des larmes avec un mélange de colère et de tristesse.

Et je pensais à mon histoire et aux millions, voire aux milliards de personnes qui vivent des situations traumatiques, le plus souvent à leur insu.

Combien de situations traumatiques ont lieu tous les jours par nos manques de prudence, d’attention et de conscience ? Combien de ces situations laissent des traces indélébiles sur les corps des victimes ?

Nous avons tous été soumis à des colères. Les personnes qui souffrent de douleurs chroniques ont vécu des situations traumatiques avec un sentiment d’injustice très violent, auquel a suivi un sentiment de colère qui a pu littéralement prendre toute la place dans le corps, à répétition, perturbant complètement le fonctionnement normal de l’organisme.

Libérer le corps de la colère

Cette colère rentrée doit quitter notre corps si nous voulons vaincre nos douleurs chroniques. Sa cristallisation dans notre psyché se traduit par un sentiment permanent de  stress dû à un état de vigilance aiguisé. Celui-ci se pérennise par une tension musculaire constante et grandissante, alimentant un cercle vicieux dans le corps qui finit par dérégler nos circuits neuro-hormonaux.

 

Libérer le corps de la colère nous permet de retrouver, progressivement, cet équilibre organique si nécessaire à une bonne santé où la douleur chronique est enrayée.

 

La Biodanza et plus précisément le processus "Biodanza & douleurs chroniques", est destiné à libérer les émotions si longtemps cristallisées dans notre cerveau et notre corps que les douleurs chroniques ou la fibromyalgie sont apparues pour nous le rappeler !

(1) M. Zoppi, M. Maresca. Reumatismo. Firenze : Dipartimento di Medicina Interna, Sezione di Reumatologia, Università degli Studi di Firenze, 2008.

(2) Benezech, Jean Pierre. La douleur chronique : une face cachée de la résilience. s.l. : Sauramps Médical, 2005.

(3) Benezech, J.P. www.em-consulte.com. www.em-consulte.com. [En ligne] http://www.em-consulte.com/article/82104/figures/douleur-et-colere.

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Témoignage

Quelques années après ma chute et mon accident, j’ai commencé à sentir de grosses colères. Elles me prenaient sans que je m’en rende compte, elles étaient plus fortes que ma volonté d’y remédier. Je pouvais exploser sans commune mesure avec l’objet de ma colère, je me sentais souvent submergée par cette émotion, elle prenait toute la place dans mon corps. Lors de ces épisodes de colère, mes douleurs chroniques revenaient avec une force inouïe, plus je ressentais de la colère, plus mon corps souffrait.

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«  La colère est une émotion retrouvée chez de nombreuses personnes douloureuses chroniques. Plus elle est présente, plus il y a de douleurs.

 

Elle participe à la dépression du malade, en particulier par la colère contre soi-même.

 

Les recherches actuelles identifient les notions de colère intériorisée ou extériorisée, qui agiraient par des modes d’action différents (système opioïde pour douleur extériorisée) sur des pathologies douloureuses différentes. L’acceptation du réel douloureux, et non le refus inefficace, pourrait être une voie à explorer dans les approches thérapeutiques d’avenir » (3).

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